Incontestablement, en redessinant la skyline de Chicago avec des buildings miroitants qui selon Mike Davis demeurent avec leur “arrogance verticale”, “les pierres tombales de notre époque de croissance accélérée”. Mies van der Rohe a appliqué le précepte énoncé dès 1924 selon lequel “l’architecture est la volonté de l’époque traduite dans l’espace”. Sa conception rationaliste a contribué intensément à façonner le monde nouveau.
Ancien directeur de l’avant-gardiste Bauhaus il a conçu une éthique minimaliste intelligible à travers ce mantra qui a essentialisé la modernité et obsédé le design comme l’architecture: “Less is more”!
A l’architecture qui clôt l’espace, il substitue la structure claire toute d’apparente simplicité et de transparence, ossature d’acier et peau de verre, “skin & bones” néanmoins attentive aux détails, aux matériaux et à la fluidité des circulations. Le pavillon allemand de l’Exposition industrielle de 1929 à Barcelone demeure une référence incontournable. C’est dans ce showroom de verre et d’acier soulignant un espace flexible allié à une somptuosité des matières qu’il a présenté le prototype de sa fameuse chaise Barcelona. Conçue avec son inséparable Lilly Reich en l’honneur des souverains d’Espagne.
Capitonnée de cuir, dotée d’une structure apparente et d’un piétement d’acier chromé poli en X comme les curules romaines et les sièges de pharaon, son lignage royal l’auréole de prestige.
La mythique Barcelona est rééditée en 1952 par Florence Knoll, élève du maître à la Cranbrook Academy of Art. Elle devient aussi le symbole du “corporate design” qu’elle a inventé et promu dès les années 50 pour conquérir le marché des grands groupes industriels.